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... et Compostelle par ci, et Compostelle par là...

9 juin 2011

americaine et son fils de 13 ans

americaine et son fils de 13 ans

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30 mai 2008

JE SUIS REVENUE

            Ayé! je suis revenue. J'y suis allée et je suis revenue. J'en suis revenue et je suis là. J'étais partie. Pour un temps. Revenue. Revenue de Compostelle. J'avais décidé, j'ai marché. A la fin, je suis arrivée à Santiago de Compostelle. Je n'avais pas fait tout ce chemin pour une cathédrale, un encensoir, les reliques d'un saint.

           Ainsi, comme je ne savais plus faire que ça, j'ai continué à marcher. Plus loin. Encore. Encore un peu. C'était Fisterra; Le Finistère; Le km 0; Le phare de Fisterra.Et puis les rochers.

            Après, après les rochers, il y avait la mer de plomb, le ciel tourmenté, les mouettes hurlantes, affairées , la brume mauvaise et les nuages gris qui cachaient les limbes, le non droit, le non dit, le non connu, l'ailleurs, l'au delà.

           Alors moi, j'ai dit j'arrête, j'arrête de marcher, je reviens. Je suis satisfaite, comblée, engrossée de moi, pleine de moi.

          C'était fini. C'était bien. Je suis revenue.

 C'est bizarre, l'Avent, ça veut dire l'arrivée, je suis donc parvenu à destination.

 

5 mai 2008

LA VESTALE

 ( photo de  La medecine de Klimt )

      2 heures de l'après midi, j'arrive enfin au village où j'ai prévu de m'arrêter. Ca va être bon aujourd'hui, encore meilleur que d'habitude: il  pleut sans discontinuer depuis que je suis partie ce matin, ça tombe, il pleut des cordes, it's raining cats and dogs, temps de chien, on est trempés jusqu'aux os, trempés comme une soupe. Hummm! la bonne soupe chaude que je vais me concocter tout à l'heure. Avec plein de légumes. Bien chaude. Je suis insensible au charme de ce village, il est mouillé, je veux me poser, je veux m'essuyer, je veux me réchauffer, me sécher, il est où le gîte ?, je joins quelques pèlerins, nous nous assemblons si près du but et nous finissons par tomber sur une  autre grappe de capes luisantes qui se pressentl et font la queue devant une maison de village, une grange, un havre de félicité sèche. Comme ça va être bon! A l'intérieur, nous marchons, nous piétinons, nous mouillons, nous salissons une magnifique calade comme j'en rêve dans mon jardin. je prends note, je photographierai plus tard, quand je serai sèche, reposée, quand la cohue des pèlerins sera apaisée. C'est une hospitalera toute   vétue  d'un délicieux camaïeu de bleu qui nous accueille derrière une petite table.  J'apprécie son souci d'élégance, son soin du détail, j'en ai marre, moi,  de ne rencontrer que du vêtement synthétique, fonctionnel, pratique, moche, sans recherche, boy-scout, j'en ai marre de, un jour le tee shirt rouge, un jour le tee shirt blanc ( en fait, il n'est plus vraiment blanc ).  Tout en tamponnant nos Credencials, elle distribue des informations, elle a un joli accent: Il faudra se serrer, ne laissons personne dehors par ce temps, laissez bien vos chaussures et vos capes dans le hall, il y a plein de papier journal pour bourrer nos chaussures gorgées d'eau, il faudra rajouter des matelas, il n'y a plus d'eau chaude, nous allons partager le repas ce soir, il faudrait venir aider, il y a des massages, si certains ont mal au dos, dans la grande pièce dès 3 heures,  il y aura une messe , pour ceux qui le souhaitent à 9h

_   Bonjour! Française. De chez moi. Un mois et demi à peu près. Et vous-même, vous êtes de quel pays, Europe de l'est mais je ne devine pas ? Tchécoslovaquie, bien sûr! Laura? D'accord! Mais qui va organiser le repas, on est nombreux ?

_   Moi

_   Qui fait les massages?

_   Moi

_    Et vous avez  trouvé un curé pour dire  une messe à 9 heures du soir ?

_   C'est moi-même qui célébrerai la messe

      J'ai trouvé un matelas, mince, pas épais, presque propre, bien sec; j'ai réussi à le coincer entre une table, des sacs à dos, des pieds, et après ma douche froide, ma lessive froide, je m'allonge avec délice; sans bouger trop les pieds, coincés sous une multiprise pleine de portables et  de batteries d'appareils photos et je peux penser tranquille: Une messe célébrée par une femme! Génial! J'accours ventre à terre, moi! C'est bien les pays de l'Est!: Cathos, gelés pendant 40 ans par le communisme, ils remettent ça  de plus belle avec des variantes modernes en plus. Je veux voir ça!

      Ça va mieux! J'ai somnolé. Il pleut toujours de trombes, je n'ai aucune envie de visiter le village qui nous accueille. D'ailleurs, personne ici ne semble avoir le goût de mettre le nez dehors, les tornades de pluie sont bruyantes, il parait qu'il pleut beaucoup, partout ce printemps en Europe. Ici, ça dort, ça papote,  ça écrit, ça lit, ça se panse ses ampoules, ça se masse les pieds, ça se vautre, ça rumine, ça rien, ça profite du sec. Allez, on bouge!  Enquête sociologique, elle s'habille comment pour les massages? Dans une pièce ronde,  voutée, intitulée " chapelle ", elle  est en train de replier sa table de massage, elle est superbe en blanc immaculé. Quelques heureux bénéficiaires se reposent, pieds nus,  alanguis, rêvasseurs sur des chaises disposées tout autour.

      Dans un pièce plus grande intitulée réfectoire, je rejoins les éplucheurs, ce sont plutôt des éplucheuses, et nous épluchons de concert des cagettes de légumes que des femmes du village,  néanmoins éplucheuses, ont apporté bénévolement pour nous, pèlerins. Je ne saisis pas bien ce que nous représentons pour elles: des pénitents, des bagnards, des croisés au service d'une noble  cause ? Elles sont accortes et semblent comblées d'être là, pour nous. Puis,  Laura entre, magnifique. Un simple grand tablier bleu sur des vêtements de tous les jours, tee shirt, jean. Une petite toque négligemment posée sur le côté. Nous épluchons. Nous échangeons. Laura est là pendant 15 jours, elle est venue à ses frais, sur ses vacances comme d'autres hospitaleras qui la relaieront, elle dispose de son temps, de sa fonction comme elle l'entend, elle est ravie et a décidé de se donner à fond  à sa tache. D'autres se contentent d'assurer la sécurité et la propreté des lieux, elle, elle veut donner un ton, une ambiance, elle est bien, elle  regrette que ce soit bientôt fini et qu'il faille céder la place.

      Nous sommes 63. 63 pèlerins, réunis pour manger la soupe et la tortilla. Cantoche. Brouhaha. Rigolades. Quand j'étais surveillante de cantine, j'étais jeune, il était interdire d'interdire, la directrice me demandait de stopper le raffut des élèves par des coups de sifflet. J'avais apporté le sifflet de mon grand père capitaine mais je n'ai jamais eu le coeur de l'utiliser. Ils étaient tellement mignons, ces braillards, ces petits cons qui se défoulent et qui se marrent bien. Pour l'heure, Laura nous fait taire en tapant sur son verre avec son couteau. Elle se lève, souriante et avec son accent charmant nous demande en anglais, en français, en allemand, en espagnol de chanter. Il s'agit de chanter par groupe, avec ses compatriotes, une chanson de son pays. Avec les français, on se repère, c'est un peu la panique, quelle chanson peut nous réunir? Variétés... Ah non! moi je ne m'abaisserai pas à chanter du Johnny Hallyday.. du Claude François non plus, certainement pas... Barbara?...  Vous ne connaissez pas les paroles?...  Brassens?...    Les copains d'abord?...  Ils ne vont pas comprendre les paroles, ce n'est pas la peine!...  Non, des chants religieux, non merci...   Au clair de la lune! On n'est pas des bébés!...  L'Internationale ? Oui, pourquoi pas ? Pélerins de tous les pays...  Moi, je vous chante l'hymne du M L F si vous voulez ... Non, je sais,  les mecs!... Santiâânô!...  on n'est pas en colo! ... OOlala! Qu'est-ce qu'on va  chanter?...  Quand je travaillais à la maison d'arrêt, l'aumonier-diacre me racontait qu'il avait quelques clients pour la messe du dimanche, les gars étaient contents d'une petite balade mais n'étaient ni fans ni connaisseurs en liturgie aussi, il  leur proposait de chanter. Et ils chantaient de tout leur coeur, à tue-tête ils en redemandaient et rentraient regonflés dans leurs cellules.  Bon, c'est parti: les Italiens " Lasciatemi cantare ... ", Angoisse, qu'est-ce qu'on chante ? Et puis, idée ( c'est moi qui l'ait eu l'idée ) , nous nous regroupons, tout le monde acquiesce: Dans un superbe ensemble, nous entonnons " Frê-reu Jâ-cqueu ..." et la magie se produit, 63 pélerins entonnent qui, " Brother John", qui,  " ensemble, philarmoniquement, associativement, solidairement, coopérativement, unanimement,   en choeur, en canon, c'est de toute beauté!  c'est beau! c'est beau !  c'est bien! on est bien!  carpe diem,  la vie vaut la peine d'être vécue,  je ne regrette pas d'être née! On ne s'arrêterait plus. Laura nous rappelle qu'après avoir débarassé, lavé et essuyé la vaisselle, et balayé sur et  sous les tables,  ceux qui le souhaitent peuvent participer à un office religieux.  J'ai la flemme maintenant, je n'ai plus le goût, je suis fatiguée, vidée.. Une messe, franchement!  Oui ,  mais une femme qui dit la messe! Bon, je suis de  celles et ceux qui le souhaitent.

      La pièce voûtée, ronde des massages de tout à l'heure, des chaises en cercle, du vide au milieu, un petit autel surélevé et devant l'autel, rouge, flamboyante, somptueuse, majestueuse la vestale  Laura élève devant elle une grosse bougie. On dirait l'allégorie de la Médecine par Klimt. Nous sommes une vingtaine suspendu à ses lèvres. Il s'agit de se passer la bougie à tour de rôle et  de livrer aux autres ce qui nous a amené sur le Chemin, ce qu'on en attend. Nous parlerons dans notre langue respective, et comme nous parlerons avec le coeur, nous nous comprendrons. Et la bougie passe à l'allemand, au coréen, au hollandais, au lituanien, à l'espagnol, je ne comprends pas et je ne comprends pas  les motivations des français non plus et je snobe mon tour en assurant que c'est pour des moments comme tout à l'heure quand nous chantions que je fais Compostelle.

      Dehors, il pleut toujours, c'est le déluge. Demain, j'espère, nous espérons... Bruits de plastiques retenus, lampes frontales hasardeuses, chasses d'eau, raclements de gorge, quelques pets épars,  les ronflements peuvent commencer.

2 avril 2008

L'homme en noir

      Parfois, je ne vous en ai pas encore parlé, Il me rejoint. Là, sur le Chemin, je m'y attends un peu mais ça m'émerveille toujours. Et, c'est justement quand je suis découragée , épuisée , désespérée  quand je n'en peux vraiment plus , qu'Il arrive. Il doit le sentir, Il sait tout de moi. C'est toujours le bon moment.

      Aujourd'hui, Il est venu . La route était poudreuse, le soleil accablant, le sac était  lourd, le vent me séchait les lèvres et la gorge, mes habits étaient trempés , Villa franca n'arrivait jamais à l'horizon, la transpiration me salait les yeux mais j'ai entendu le bruit de Sa belle voiture  sur la piste, je me suis retournée, Il m'a ouvert la porte ,( Ses bouclettes noires,Ses lunettes cerclées de noir, Sa chemise entr' ouverte noire mmmmh!) je suis montée ( il va sans dire que je n'étais pas épilée de frais mais Lui, Il s'en fiche, Il est pas comme ça ) et, d'un baiser profond, Il m'a clouée sur la banquette moelleuse et tout était bien, frais, confortable, reposant, revigorant. Bon, ça dure toujours peu. Son chauffeur L'a emmené loin et Il est allé retrouver Ses femmes plus jeunes, à la peau plus ferme, au visage plus lisse. Et puis c'est  notre secret: Je connais certains journaux qui feraient des gorges chaudes s'ils Le savaient sur le Chemin de Compostelle!

    Et moi, j'ai repris ma route.  Remplie, heureuse, apaisée. Il me baise par gentillesse, pour mon réconfort,  je le sais bien. Je suis un peu Sa première épouse, la vraie, celle qui compte plus que les autres, les amours contingentes.

   Et puis moi, j'ai tous mes sherpas et mes souvenirs.

    "Sur la rou-te-  de Louviers..."

1 avril 2008

UNE ETAPE

 

      Arrivée!  Fatiguée! Epuisée! Crevée !  Le gîte est complet, je ne peux pas en profiter. Ils ont pris tous les lits,  toutes les places, toute la place. Il n'y a pas de place pour moi.  Je n'aurai jamais la force  d'aller plus loin.

      Je vais les pousser, tous les pousser. Acharnée! Je vais  faire tout déborder. C'est rigolo. C'est un bon moment.  Un moment. Je  profite. Je jubile.




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23 mars 2008

Femme seule

      Souvent, nous nous sommes accordées:  quel bonheur de pouvoir voyager seule! . Au moyen age, les femmes n'avaient pas de statut social . Les hommes qui partaient à Compostelle laissaient un testament indiquant que leur frère héritait de leur ferme, de leur femme, de leurs bêtes. Le pèlerinage était réservé  aux hommes ou alors peut être aux femmes de mauvaise  vie .

      Seule, sans permission, sans autorisation, sans permis, seule parce que je le veux. Seule et reliée, je m'en rendrai compte plus tard.  Nous rendons grâce , à plusieurs reprises.

      Je me suis vue répondre joyeusement aux  "hola!" des  camionneurs. C'est mon état d'esprit ou le leur qui est différent ?

     J'avais une maitresse à penser, une cousine religieuse qui menait un service éducatif d'une main de maitresse, sans aide ni permission d'un homme, qui marchait à grandes enjambées, avec de solides chaussures sur mesure ( c'était avant la mode des Doc'Marten ) et j'enviais son autonomie ( je refusais de voir l'impact de sa supérieure )

 

 

 




22 mars 2008

MON SAC ET MOI

      Je suis un escargot. Sur mon dos, j'ai toutes mes petites affaires, tout ce qui va m'être utile pour vivre pendant quelques mois:  L'essentiel. Je ne suis pas certaine que nous ayons tous la même notion du minimum vital. Personnellement, j'ai laissé à regret mon Guerlain et mon petit Lulubelle et je suis un escargot et je jubile.

       Car ce fut un réel dilemme: que devais  je  emporter ? Mes choses essentielles, que j'affectionne, mes choses les plus précieuses  au risque de les perdre  de les abimer? Mon canif  Douk Douk, mon stylo Lamy qui me va si bien au teint, mon Guerlain ? ou  bien des choses fonctionnelles  et  pratiques sans valeur affective ni marchande mais que je crains  d'oublier car je ne les investis pas ? Une règle en vigueur sur le chemin dit que ce qu'on n'a pas utilisé au bout de 15 jours, on ne l'utilisera pas, et que, par conséquent, on peut les renvoyer par la poste. Une autre règle affirme aussi que le poids du sac ne doit pas excéder un dixième de notre poids,  un huitième selon d'autres sources  mais cela supposerait qu'afin de faire un rapide calcul,  je vous indique mon poids et il n'en est pas question, vous ne le saurez pas!

      Premier soir aux Alyzées, l'hotel qui pue la clope froide, avec de la moquette murale bleue marine datant de pouhhh!, je déchire les emballages ( de pansements, de mouchoirs...), je laisse mes petits carnets ( des notes, pourquoi prendre des notes? vivons l'instant présent! ), ma carte routière du Sud de la France ( Montpellier, Toulouse, Pau, ça doit bien être indiqué! Après, on verra! ) alors Wouhhh!

      Le deuxième  soir, chez Bruno et Martine, je  leur laisse ma deuxième paire de tongs, ma brosse a cheveux, ma trousse de toilette , des chaussettes .Wouhhh!

      A  Montpellier, chez Chloé,  je laisse mon duvet ( mon sac à viande suffira, il y a des couvertures dans tous les gîtes et puis encore heureux qu'on va vers l'été ),  une belle canne de marche impression cashmere que m'a offerte une sympathique pèlerine québecquoise à l'étape de Gallargues; elle rentrait chez elle, elle en avait assez goûté   du Compostelle alors elle faisait des cadeaux. Donc wouhhh ! également

      Chez Xavière, à Toulouse, je m'allège plus sérieusement,  je laisse gros pull, pantalon de jogging, sweat  shirts  qui ne sèchent pas entre le soir et le matin et je file dans un magasin de sport pour acheter des vêtements  en synthétique,  tout ce que je déteste, tee shirts " auto respirants ",    une polaire , une serviette qui sèche en 1 heure. Wouhhh encore! mais, quand même, qu'est ce que c'est lourd, un sac sur le dos! 

       C'est au bout  de 15 jours après des délestages-éliminations successives  que je me rends à l'évidence: je dois  jeter  10 kg de chaque côté de la culotte de cheval ,  5 kg sur le ventre , 5 kg sur les fesses . Dans les bras aussi un peu. Et sur les joues.

       Je suis  autonome, je suis autarcique, je suis indépendante je me balade où je veux, je m'arrête si je veux, quand je veux,  c'est grisant,  je suis libre, légère.

       Mon sac pèse une tonne. Il m'arrache le dos. Je suis le prêtre incarné par le beau Jeremy Irons dans le film "Mission" . Il doit remonter une cascade en tirant un énorme rocher au bout d'une corde. Ce gros  rocher le déséquilibre, bien sûr, l'entraine en arrière. Obstinément, il gravit la cascade en risquant la mort. Il fait pénitence. A la fin, il a réussi il est arrivé en haut. Ses compagnons rient, tout le monde rit d'aise, il a réussi, sa faute est pardonnée, il a expié. Mais de quoi suis je coupable, grands dieux!. Mon sac m'arrache le dos. Je plie mais ne romps pas.

     Je serre les dents en permanence. Il m'entraine en arrière. Ne plus sentir le mal partout. Je suis une femme liberée, moi! Qu'ai je donc eu besoin d'enfiler ce sac à dos,  cette croix, ce joug, ce bât?...

     Je suis Alexandra David Neel. Je suis une femme  libre, seule, je pars à l'aventure dans le froid, la neige, la burle, dans des conditions extrêmes, je vais entrer dans une cité sacrée... Il me manque un gentil petit sherpa. A D N  avait, elle, un sherpa. Jeune, discret, attentionné, costaud au demeurant. Il devait être bien puisque elle l'a adopté par la suite. Non, vraiment, si je refais Compostelle, ce qui m'étonnerait fort, au vu de toutes les autres belles expériences à faire dans la vie, eh bien j'utiliserai les services d'un sherpa.

      Mon sherpa, je ne lui demanderai qu' une chose ( c'est vrai, je n'ai rien d'une esclavagiste moi, vous savez ) mais une chose très importante: C'est, d'abord , de ne pas être encombrant. Qu'il ne commence pas à la ramener en affichant ses biscoteaux, tout ça. Non, il devra se montrer discret, utile et efficace. Et gracieux aussi. Et élégant.  Rien n'est pire qu'un sherpa sans arrêt dans la plainte. Ce n'est pas la peine de faire Compostelle si vous devez vous fader toute la sainte journée les jérémiades d'un sherpa ! Pas obligé qu'il soit spécialisé non plus. On peut très bien concevoir un sherpa qui  porterait un  sac lourd mais qui,aux étapes, ferait des massages des pieds, par exemple. Ou alors , deux. Deux sherpas . Un pour le sac et un pour les massages décontractants du dos, des jambes, des pieds. Et ce serait bien qu'ils sachent lire les cartes touristiques d'état-major aussi. Et faire le thé.

       Le matin  du deuxième jour, au sortir de l'hôtel, je décide de  bien déjeuner. Le boulanger  à côté est sympa, du type discuteur. Il affirme qu'il a  fait Compostelle,  parmi bien d'autres petites promenades,  en marchant 80 kms par jour ( il était dans la légion ) mais qu'il ne porterait pas mon sac

_  Mais j'ai réduit tout. Je ne peux plus rien enlever. A l'hôtel, j'ai jeté tous mes emballages...

_  Trois  petites bouteilles d'eau. Larguez en deux , ça fait 1  kg. L'eau,vous en trouverez partout. Dans les villages que vous traverserez, dans les cimetières.

      Mon sac pèse une tonne. Je suis bien contente d'avoir trouvé  la destinée de mes vieilleries dont je n'arrivais pas à me défaire: mon tas de  vieilles chaussettes, mes vieilles culottes,   mes 100 échantillons de crème hydratante bio et puis ma provision de fruits secs pour la pause de midi, j'ai suivi les conseils de Paul,  chaque soir, je vais me délester.   A la fin, je serai épurée, fluide, il ne restera de moi que l'essentiel, que l'important. Non, je ne vois pas ce que je peux renvoyer par la poste. Vraiment. Mais ce sac là, je ne vois pas comment je vais me le remettre sur le dos. Vraiment.

      Mon premier réflexe, en arrivant quelque part, est toujours de dégrafer mon sac et de le sentir glisser, soulagée, heureuse, arrivée, aboutie, parvenue, accomplie.  A Boissezon, l'étape a été longue, âpre. Bien contente d'arriver. Au téléphone, la dame responsable de la clef du gîte me dit " pas-que-ça-à_faire_d'accueillir-les-pèlerins-je-travaille-moi ", elle tient un bar et me fait attendre le temps de deux schweppes avant de me remettre la clef du paradis de ce soir. Le gîte est superbe, crée par un architecte qui a du s'amuser, une bulle de verre recouvre une maison ancienne. Je visite avec plaisir, je suis la première ( deux religieuses discrètes viendront plus tard qui se diront peinées par la tenancière maussade ). Je suis ravie par ce lieu, je monte à l'étage, je descends, je choisis ma chambre, je regarde les douches, je remonte et je redescends et je me rends compte que je porte encore mon sac pendant toute cette visite.  Je crois que, aujourd'hui, j'ai vraiment dû franchir une étape.     

       Je porte mon sac, mon sac, c'est moi, il y a tout ce qu'il me faut dans mon sac, mon sac n'est plus un fardeau, je suis mon sac, je suis un escargot qui se marre bien.                      

 

 

22 mars 2008

EN VOITURE SIMONE !

     En voiture Simone !...

... Mesdames et Messieurs les voyageurs  ...

... Embarquement immédiat ! Pour Cythère ?... Pour où ?... Comme qui ?... Avec qui ? ...  Dites moi où et n'en quel pays est Flora la belle romaine ...

     C'est parti. Oui, je suis partie. Avec juste mon petit baluchon. Juste un petit sac. Une valise. De chaque côté. Mes malles. Mes balles. Mes ballots. Mes fardeaux. Mes idées. Mes wagons d'idées, grandes, lourdes, encombrantes. Mes péchés . Mes fautes. Toutes mes fautes.

Ayé, je vais par les sentiers  picotés par les blés.

Ayé, je foule l'herbe menue.

Ayé, je suis en route. On the road again.

_    C'est quand qu'on arrive où ?
_     Plus tard, plus tard. Quand je serai grande. Je marche encore un petit peu. J'avance. J'ai déjà bien avancé. Je suis loin. Je suis trop loin . J'ai peur. Mais quand reverrai je, de mon petit village, fumer la cheminée ?

Partir loin des autres, loin des miens, loin de moi. Plus près de moi. Si près de moi. Si près du but.

     Oh !...  Mais dites donc ! ... Ouh lala !  ... Je crois bien que j'ai oublié de fermer le gaz ! Et aussi l'électricité. Et l'eau. Avec mon robinet qui fuit ! Et les fenêtres. Avec l'orage ! Et la porte. La porte ! N'importe qui peut ... J'ai du tout laisser en plan ! ...

C'est pas bien sérieux tout ça !

 

21 mars 2008

LE DEUXIEME JOUR, VENDREDI SAINT

                            LE DEUXIEME JOUR, VENDREDI SAINT

 

 

      Je marche. Je continue. Ca commencera vraiment à Arles, en Arles. Ce sac! Je ne m'y ferai  jamais.  Faire Compostelle sans sac, ce serait bien, ce serait facile! Allez, allez, je marche. Toutes ces voitures! Ce bruit! Cette vitesse!

      200 m devant moi , une voiture s'arrête, se gare sur un petit emplacement. Un type en sort. Tête de dragueur. De psychopathe même. Les mains dans les poches, il remonte vers moi, il sourit. Pffffououou !


_   Bonjour! Vous allez à Compostelle ?

_   Mmoui

_   C'est loin  Compostelle.

_   Oui


_   Je vous ai vue hier à Charmes, vers midi


_   Ah !


_   Et je vous revois maintenant

_   Voui

_  Alors je me suis dit...


J'accélère le pas, je serre les dents et je ne pense à rien et mon sac me pèse.

_   Moi aussi, je suis allé à Compostelle


_   Ah


_   Trois fois


_   Ah


_   Pourquoi vous ne  prenez pas le chemin ? C'est dangereux, la route


_   Si vous croyez que c'est simple! C'est balisé n'importe comment ! Non, je file sur Arles  au plus vite. Je longe le Rhône.


_   Oui.

     Je voulais vous dire, j'ai rendez vous avec un copain, il a fait Compostelle, lui aussi,  nous allons vérifier le balisage avant la saison. Si vous voulez, je vous emmène . Sur le chemin, le vrai.

_   ?


_   Je vous emmène en voiture. Vous n'êtes pas loin, le chemin passe sur les coteaux, là au dessus.


_   ? ( c'est  vrai que sur les petites routes, je pourrai toujours sauter en marche... ça me fera des souvenirs de mon chemin de Compostelle )


_    ... Y'en a pas pour longtemps...


_    Non, c'est de la  triche, je fais tout  à pieds, Glun-Compostelle, porte-à-porte.


_   Oui, oh, il vous restera encore quelques kms à faire quand même!  dit-il en ouvrant sa portière.


_   Bon d'accord  dis- je en me délivrant de mon fardeau sur la banquette arrière. Puis je m'écroule lâchement sur le fauteuil  avant de sa voiture. La place du mort, la place de la morte, je l'ai bien cherché, rien ne m'obligeait, le moelleux des coussins, rapidité, facilité, envie de dormir, vigilance, au premier geste suspect, j'arrache mon sac, j'ouvre, hop!,  je saute dans l'herbe, roulé-boulé, il s'approche, hop!un premier de hanche et, hop!, il ne la ramène plus, le mec, et un serial killer en moins. Merci qui?

       Nous sortons de la Nationale, il conduit doucement dans les virages, mes reins, calés sur le siége confortable, fondent de félicité  nous montons sur le  coteau. Un petit village. Un petit bistrot ( à coup sûr, le patron est  de mèche mais je ne  peux pas  partir en courant sur la départementale, il passe des voitures). Le copain l'attendait, ça sent le coup monté. Très vite, ils me proposent de m'accompagner sur un bout de chemin que, justement, ils allaient contrôler  ( tiens donc! ). Alors, ils s'appellent Bernard et Bruno , ils ont fait plusieurs fois le chemin de Compostelle: la voie de Arles, la voie du Puy, au printemps, à Noël et bla et bla... Bernard appuie lourdement sur une phrase que le pape  Jean- Paul II aurait dit: "Ayez confiance"

      Bon, et puis on marche. On marche sur une route d'abord et puis sur des chemins de terre. J'accepte de les suivre, j'accepte d'entrer dans les bois au prétexte que " l'aventure est au bout du chemin " et que " qui ne tente rien n'a rien "ou autre " Inch'Allah ". Le temps est agréable, ni lourd, ni glacial. J'apprends qu'on peut faire des petites pauses, que ça réconforte, ça répare bien. J'apprends qu'une petite bouteille en plastique rigide, c'est plus léger que deux magnum ( on ne sait jamais ), qu'on trouve de l'eau partout.  On marche tous les trois de concert et je me félicite, naïve profane alors ! ,  d'avoir une foulée tout à fait honorable.
Bernard et Bruno m'apprennent un foule de choses:  à reconnaitre les signaux jacquaires, la chanson de Saint Jacques,  la manière de boire, la manière de serrer correctement le sac... Ilest convenu que je dormirai chez Bruno ce soir et même, qu'il me mettra sur la route demain. Nous cheminons sur les coteaux dans des allées de terre, larges. On chante. Et, même , ils me font faire un rallongi par Cruas pour voir l'Abbatiale. Nous mangeons dans un petit restaurant qu'ils avaient réservé  ( je  ne vais pas commencer, je n'ai pas les moyens; bon, exceptionnellement, pour fêter ça! ) et on continue. Je pensais que le plus gros de la journée était fait,  on longe la Centrale nucléaire au bord du Rhône. Pour adoucir les tours de refroidissement, on a peint une fresque: un enfant joue, paisible; il a une coquille Saint-Jacques dans les mains! Quelle drôle d'impression!Assimilation de Compostelle et du nucléaire!  Je longe la centrale contre laquelle je me suis battue il y a 30 ans,  c'est interminable. On n'arrive jamais. Mes épaules, mon sac, ils n'ont presque rien, eux, ils blaguent, ils randonnent, ils se baladent, je fais Compostelle, moi;

       Oui, c'est parti, je fais Compostelle, moi! Martine, la femme de Bruno, nous accueille. C'est ma deuxième nuit. Un voisin les emmene pour chercher la voiture. Un bain bouillant. Des vêtements propres. Un bon repas, je dévore: charcuterie, soupe, re-soupe, des pâtes, encore des pâtes; de la salade, une petite lichette de pâtes, du fromage, des fruits.  J'écoute la conversation, vautrée sur mon bras, avachie. Je flotte de fatigue.  Je m'écroule dans un bon lit.
Je me déleste de ma brosse à cheveux, ma trousse de toilette,  des chaussures, des chaussettes, des tee shirts que je récupèrerai plus tard, à mon retour,quand nous nous retrouverons, quand je leur raconterai la suite.

      Debout! Réparée! Réconfortée! En forme! Cette fois, je prends le Chemin. Je suis sur le Chemin. Je n'ai plus du tout envie de faire n'importe quoi jusqu'à Arles.

20 mars 2008

LE PREMIER JOUR, PRINTEMPS

      Non, mais, franchement, que signifient 2000 km à pieds pour une jeune femme en bonne santé , qui dispose de tout son temps, pas dispendieuse pour deux sous et qui aime bien faire la maline ?  Je vous le demande. Ce fut tout simple, vous savez:  J'ai tiré ma porte et j'ai mis un pied devant l'autre. C'est tout. Moi aussi, je croyais;  non, juste un pied devant l'autre.

          Le chemin jacquaire longe mon village, alors j'ai rejoint la balise qui me faisait de l'oeil depuis quelques temps déjà; La pancarte indiquait " Arles ", par ici, " Le Puy ", par là. C'était pas compliqué.
          C'est vrai, c'est pas compliqué. Comment ai- je pu hésiter aussi longtemps, un seul instant , une once d'instant? Je pensais vraiment aller me fourvoyer  là haut dans les forêts de sapins noires, pleines de loups, dans les brumes glauques et glacées, avec  la Burle sans doute , de La Louvesc,  du Puy , de l'Aubrac et autre terre froide? C'est mon goût, ça, la froidure et le vent? Parce que, au début, en effet , je pensais emprunter la voie du Puy- en- Velay, la plus classique, la plus connue,  la  plus traditionnelle , plus évidente. Je pouvaisprendre le car jusqu'à Valence, le train jusqu'à Lyon puis encore le train pour Le Puy ; Mais pour un départ, ça n'a aucune allure, franchement!  Ou Léo, qui m' avait proposé de m'accompagner pendant  les  50 premiers kilomètres, c'est confortable de démarrer à deux! ...  Ou encore Alex qui retournait en Lozère en voiture, c'est bien le co-voiturage!... Il avait fallu l'inquiétude  alarmée et bienveillante de Paul pour me souligner que les gîtes risquaient d'être  encore fermés, que la neige au mois de Mars n'a rien d'exceptionnelle là-haut , que je risquais le dégoût, le découragement, le renoncement  même , et ce, dès  le début! Alors, j'avais réalisé  que mon biotope se situe plus vers le midi que vers le grand nord. Je le savais bien pourtant!...  Et puis , zut! , je vous dis que je pars de chez moi et direction soleil! Je choisis d'aller à Compostelle par la voie de Arles. 
        Voila, quoi; quand je dis "pas compliqué", c'est juste que ça ne  devrait pas; ça ne  devrait pas être compliqué d'aller là où on a envie d'aller, à l'exclusion absolue  de là où on n'a pas envie d'aller. Bon, je me comprends; et je repense à une patiente, cette patiente en instance de séparation depuis des années et qui ne parvient pas à vivre sans lui ...  Nous proposions, ce matin là, un choix entre deux activités: dessin ou pétanque. Avec enthousiasme, elle choisit la pétanque. J'étais étonnée de son choix , aussi, lors de la partie, quand je vis qu'elle commençait à rêvasser au lieu de jouer, ne la sentant pas passionnée, je lui ai  demandé les raisons de son choix. Pensive, elle me confia:" Jusqu'alors, j'aurais juré que c'était moi qui adorais jouer à la pétanque, en fait,  je comprends que c'était  mon mari...". Qui m'avait soufflé,  à moi, qu'il m'était indifférent de choisir Arles ou Le Puy?

          Donc, pas compliqué,  j'avance le long du Rhône, je suis les balises, c'est tout droit , c'est tout plat, c'est facile, je souris. Le paysage m'est bien connu. La flore initiale semble préservée, coincée entre le Rhône et les coteaux on n'entend pourtant ni la route nationale, ni le train. D'ailleurs je vais bon. Train. Je me félicite et je dépasse Saint- Péray, puis Guilherand-granges, allègrement. . Ca y est, j'ai dépassé Valence, où je vais travailler chaque matin en voiture depuis des siècles ( en vélo, l'été, parfois, quand les enfants étaient en vacances gardés à la maison, quand le vent le permet, pas les jours de grosse chaleur,  ni de pluie bien sûr, quelques fois ). Les gens vont travailler, ils vont vite, ils me pètent à la figure car ça fait un moment que  j'ai perdu les balises jacquaires ( autant vous prévenir dès le départ, je ne suis pas futfut, je ne sais pas lire une carte et je ne comprends pas toujours ce qu'on m'explique )  mais, pas grave!, je  vais longer la N86. L'idée, c'est  de faire du chemin, d'avancer . A Arles, en Arles,  ça commencera vraiment, j'ai décidé. Pour l'heure, considérons qu'il s'agit d'une mise en bouche. Allez!" un kilomètre à pieds...".  Je fais mes classes. Allez, tout droit!  Finissons en. Le Rhône, juqu'à Arles.  Bon, sans le sac, c'est sûr, j'irais plus vite!... Je m'arrête dans les abris- bus, des petites haltes sans charme où  je m'écroule en biais sur le banc, mon sac m'entraîne, m'allège et me repose et la vie est douce.  La  route,  c'est  pas marrant,  c'est bruyant, ça  pue, c'est  dangereux mais, bon! Et je continue, j'avance, c'est lourd. Charmes. Saint Georges- les bains. Ca tire. Bon, ce qui est fait ne sera plus à faire. "...Ca use, ça use."... Si lourd!  Faim soif, pipi, tout ça, on verra plus tard. Les camions me pouêtent- pouêtent tant qu'ils peuvent. Les trottoirs, c'est en ville.  Je me poserai à La Voulte. Un petit hôtel tranquille, une douche, un lit. ... Bien à plat dos... Bien dur. Bien chaude la douche. Longtemps.  Pieds nus... Et un thé...un Lapsang souchong... Ou un Earl Grey, tout simple...  J'avance. Avec une rondelle de citron... J'ai le dos arraché  je crois, les vertèbres broyées, disloquées. Maintenant, les gens rentrent du travail, ils sont fatigués, pressés de rentrer, ils vont vite. L'hôtel, il y en a un à la Voulte, encore  plus loin, à la sortie du village, il faut encore traverser le village, fort étendu, c'est bientôt fini, aujourd'hui ; Quelques marches à gravir... Trop cher! Beaucoup trop cher!... On va pas commencer!... Ou alors j'arrête tout de suite, moi!...  Alors je continue, je dépasse la Voulte, encore, je crois que je suis dans un état second, je marche. Au prochain village, c'est promis, j'arrête, j'arrête de marcher, j'arrêterai . C'est le soir,  partie de bonne heure, c'est normal,  je le mérite. C'est loin Le Pouzin. Pourvu qu'il y ait un hôtel, même nul, même cher, même sale... un lit, un lit de camp, un étale-dos.

_   ...  Un peu plus loin... Au bord de la route ... D'accord... Merci..."
    J'ai mal partout, je flageole, je vacille. Mon sac m'entraine  en arrière, en avant,  le poids de tous mes péchés m'accable. Là. La croix verte qui clignote. La pharmacie. Vite. Avant que ça  ferme... Pour mes douleurs...
_   Bonjour , Madame, je voudrais de l'Aspiri...
_  ... Eh...Eh... Madame? Madame? ... Comme elle est blanche... On va l'allonger derrière...
_  ... Ah, elle revient...  Ca va?...  Ca va mieux?...
_    ... Euh... Mademoiselle, vous pouvez me dire comment on écrit les chiffres en langage SMS ?..

_
_   ... Merci Mademoiselle.
    Alors, je me redresse un peu et j'écris: "PLUS QUE 1960 KMS. BIZ"




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... et Compostelle par ci, et Compostelle par là...
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